Écrit par Léa Philippe, la plume du Shack, le 20/04/2020

Hubert Mansion

Shack Talk #2 – Hubert Mansion 

 

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Shack Talk #2 – Hubert Mansion

 

Lors de nos Shack Talks, nous avons pour habitude d’inviter des personnalités venant de tous horizons : artistes, sportifs, chefs d’entreprise, professeurs… Varier les prises de paroles est pour nous primordial afin de diversifier les angles de vue et d’analyser les choses sous différents prismes. Ici, Hubert Mansion, fondateur de l’Université dans la Nature, nous a fait l’honneur de répondre à nos questions et de rappeler l’un des liens oubliés depuis la révolution industrielle : celui de notre connexion avec la Nature. Nous découvrons alors à quel point la Nature est magique, bénéfique et surtout vitale pour notre santé globale.

 

« Vous apprendrez plus sur les arbres et sur les pierres que sur les lèvres d’un professeur. » Saint Bruno, fondateur de l’ordre des moines Chartreux, et citation clef de l’Université dans la Nature.

 

Retisser notre relation avec la Nature

Pour se reconnecter à la Nature, il faut d’abord se reconnecter à ses sens. Lorsqu’on est dans un paysage urbain, on n’a pas envie d’ouvrir ses sens, on n’a pas envie de sentir ni de toucher la ville. Or, quand nous sommes en forêt, c’est tout l’inverse qui se passe… « Les sens s’ouvrent dans la Nature » nous explique Hubert Mansion. Aujourd’hui, on constate que les rapports sont totalement inversés : l’espèce humaine a passé 90% de son temps en pleine Nature mais actuellement, les Nords Américains par exemple passent 97% de leur temps à l’intérieur ! Que faire pour rééquilibrer un peu la tendance et retrouver cette connexion bienheureuse avec le vivant ? Pas facile quand on a les pieds dans le goudron et le nez dans la pollution… C’est pourtant en faisant appel à nos cinq sens et à quelques pratiques simples que nous pouvons, jour après jour, reprendre contact avec la Nature et ressentir ses bienfaits sur nous-mêmes.

L’impact de la Nature sur nos sens est énorme. On peut par exemple diminuer son stress en regardant des images de fractales naturels. Pour cela, on peut accrocher aux murs des images de fractales, observer un chou romanesco ou s’arrêter devant le dessin parfait d’une fougère, ça fonctionne immédiatement !

L’odorat, que l’on ferme en milieu urbain, s’aiguise de nouveau en pleine Nature et provoque des répercussions bénéfiques sur notre santé. Respirer l’émanation des arbres, les phytoncides (une molécule antibiotique naturelle émise par les arbres) ont un fort impact sur la santé psychique et physique des gens. Au Japon notamment, sont organisés des bains de forêt afin de profiter des bienfaits de la Nature sur la santé. Des études ont même mesuré qu’après une balade en forêt, le taux de cortisol – l’hormone du stress – est beaucoup plus bas que celui d’une personne ayant marché la même distance dans un paysage urbain. Une longue marche dans la forêt réactive même les cellules et mécanismes de défense contre le cancer, et cela pendant sept jours ! Des scientifiques travaillent même sur l’humus comme « nouveau Prozac ». En effet, Hubert Mansion nous explique qu’une étude menée sur la bactérie produite par l’humus forestier a démontré qu’elle avait de puissants effets antidépresseurs.

Pour bénéficier au mieux des bienfaits de la nature, n’ayons pas peur de… marcher pied nu ! « On parle d’avoir les pieds sur terre mais c’est un sens qui a perdu de sa valeur, rappelle Hubert. Le fait par exemple de marcher pieds nus a un impact sur le cerveau. Cela donne des informations plus denses et grâce à cela, le cerveau envoie plus d’informations, d’équilibre notamment. »  Le toucher est un élément éminemment important dans notre connexion avec la nature. On connaît les bienfaits du jardinage, mais on connaît un peu moins en France la pratique qui consiste à se soigner en touchant les arbres.

Hubert rappelle qu’enserrer un tronc d’arbre est une pratique universelle et millénaire. « L’arbre est le plus vieil ami de l’homme, il nous a chauffés, nous a alimentés, et certains anthropologues disent même qu’il nous a appris à marcher : les arbres auraient redressé l’Homme ! » Il est important de noter que lorsque nous enserrons un arbre, un lien réciproque se fait entre l’arbre et l’humain : « Ce n’est pas seulement nous qui touchons l’arbre, c’est aussi l’arbre qui nous touche. Les arbres ont un sens du toucher extrêmement développé. On pense même qu’ils ont un sens de la vue. C’est une vraie relation qui se crée. »

Toucher, voir, sentir, mais aussi, écouter la Nature, ce que nous faisons peu en ville…  « Notre ouïe est affectée par la ville. De nombreuses études montrent que des gens qui vivent en ville ont la capacité auditive de gens de vingt ans plus âgés mais vivant dans la Nature ». Le silence de la Nature a pour effet de faciliter l’élimination de certaines toxines et déchets du cerveau, on parle d’une « douche de cerveau. »

 

Reprendre le temps de la Nature

 En plus de reprendre contact avec la Nature, il est extrêmement bénéfique de caler son rythme au plus proche de celui de la Nature.  Des études ont montré que la vitesse de marche dans les villes augmentait de décennie en décennie. Aujourd’hui, les gens marchent 25% plus vite qu’autrefois ! « Ce que l’on fait avec l’Université lorsqu’on emmène des gens se promener en forêt, c’est de les mettre pieds nus et de marcher lentement. La lenteur a toute une série de conséquences bénéfiques, et notamment d’être sensible à la beauté. »

La marche lente est extrêmement bénéfique pour la santé cardiaque, psychologique et pour la mémoire qui se réactive.

Et si vous parvenez à vous reconnecter pleinement avec la Nature (loin de vos objets connectés sinon ça ne marche pas), vous vivrez peut-être ce qu’on appelle « le sentiment océanique », cette grande vague quasi mystique qui fait ressentir à l’Homme son appartenance au grand tout, le fait de « n’être qu’une partie de la Nature, et non pas une partie séparée de la Nature. »

 

La reconnexion avec la Nature en milieu urbain

 Hubert Mansion n’oppose pas monde naturel et monde urbain. « La ville dans la nature a eu un rôle très particulier car c’est en ville que la réflexion sur la Nature est née. La ville ne doit pas être mise en opposition avec la Nature mais la Nature doit avoir davantage droit de cité en ville. » On constate par exemple que la taille des nouveau-nés est plus grande dans des espaces où il y a de la verdure que dans des zones sans Nature. A Chicago, une étude a montré que dans un même immeuble, les familles qui avaient un appartement donnant sur des arbres connaissaient des niveaux d’agressivité et de dépression beaucoup plus faibles que les habitants qui n’avaient une vue que sur le tarmac. Hubert Mansion rappelle aussi qu’un enfant a 25% de chance en moins de développer des maladies mentales s’il grandit dans un endroit avec des espaces verts.  Pour des raisons de santé publique, il est donc nécessaire d’amener des éléments de la Nature dans la ville.

 Pour retisser un lien avec la Nature, il faut évidemment sortir dans la Nature (être en contact avec la Nature au moins deux heures par semaine), mais aussi faire entrer la Nature dans nos intérieurs. En s’inspirant par exemple du « biophilic design », on peut faire entrer les éléments naturels chez soi et au bureau : lumière naturelle, plantes, cascades d’eau, diffusion de certaines huiles essentielles… Le principal est de retrouver au maximum ce lien, cette connexion trop souvent oubliée, entre nous, notre corps, notre esprit et ce qu’on nomme « La Nature ».

 

Parce qu’écouter la Nature c’est aussi s’écouter soi-même un peu mieux.

 

Les conseils lecture d’Hubert Mansion

Forest Bathing, de Qing Li, un médecin qui a beaucoup étudié l’impact de la forêt sur la santé humaine

The Secret Therapy of Trees, écrit par deux chercheurs italiens

Éloge de la plante, de Francis Hallé, un magnifique livre du célèbre botaniste français

10 bonnes raisons d’aller marcher, de Mary Ann et Thierry Malleret qui fait un très bel éloge de la marche

 

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