Écrit par Léa Philippe, la plume du Shack, le 15/04/2020

Samantha Davies

Shack Talk #1 – Samantha Davies 

 

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Shack Talk #1 – Samantha Davies

 

C’est dans la joie et la bonne humeur que nous organisons nos Shack Talks chaque semaine en ligne. Pas loin de l’apéro, pas encore au moment du dîner, il s’agit là d’une petite pause bienheureuse que nous vous proposons afin de découvrir des personnalités inspirantes qui nous racontent leur parcours, leur domaine de recherche, leur façon de voir la vie, de s’approprier le présent, de repenser le monde de demain et d’avancer avec optimisme vers ce que nous réserve la vie ! Un rendez-vous d’une petite heure pour trinquer virtuellement – pour le moment – et vous faire voyager et rêver…

Lors de notre premier Shack talk, nous avons eu le plaisir d’accueillir Samantha Davies, navigatrice de renom, qui cumule à son actif 25 transatlantiques, 2 tours du monde complets et est à la barre d’Initiatives-Cœur depuis 2017. Animé par Pierre-Yves Lautrou, ancien journaliste à L’Express et co-fondateur de Tip & Shaft, c’est un talk très inspirant que nous avons eu la chance de vous proposer.

 

Envisager l’incertitude avec positivité

Aujourd’hui, comme nous tous, Samantha fait face à l’incertitude pour son avenir professionnel notamment : les courses sont mises en pause. « On est dans l’inconnu de ce début de saison. Il faut normalement qu’on navigue avec nos bateaux pour s’entraîner, on doit réviser les pièces, le sortir, le valider et répéter les gestes pour être sûrs que l’on connait bien le bateau. Là on ne sait pas. » Samantha positive néanmoins : « J’ai toujours vécu les choses dures dans le positif. On arrive toujours à trouver quelque chose de positif. Ce n’est pas pour la vie que l’on est confiné. On a un objectif que l’on va atteindre, tous ensemble. Cette année par exemple je pensais ne voir que très peu mon fils et mon mari et finalement, cette année va être moins chargée en navigation mais plus présente en famille. »

Nous n’avions certes pas prévu de partir trois mois voguer sur les mers et les océans, mais le doute, voire le trouble, nous anime. C’est pourquoi il est bon de lister les éléments positifs qui découlent d’une telle situation. Redécouvrir ses enfants, qui grandissent souvent trop vite se dit-on, bricoler, jardiner, faire du sport… Revenir au temps long, au rythme plus naturel et biologique pour nos organismes et notre santé mentale.

 

Trouver la bonne routine

Le conseil de Samantha pour ne pas vivre trop difficilement ce confinement ? Faire de la routine son amie ! Morceler les journées entre le temps des devoirs, du travail, le temps de pause et des plaisirs récréatifs, le temps de contact et d’appel avec ses proches… Pour la préparation du Vendée Globe par exemple, Samantha nous explique qu’on ne peut pas se projeter à la fin de la course, trois mois plus tard. C’est vertigineux sinon. On ne pense pas à si loin, on pose des jalons lors du parcours : passer l’Équateur, l’Afrique du Sud, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Pacifique (pour le Pacifique elle avoue que la bouteille de rouge qu’on lui avait glissée dans le sac l’a bien aidée !)
C’est peut-être ça finalement, un bon confinement… Vivre au jour le jour, heure par heure, en se fixant des objectifs atteignables (et en s’offrant un petit verre de rouge de temps en temps ?)

 

Appréhender les coups durs avec sérénité

Sur un bateau, on se dit qu’on rencontre « une merde par 24h » s’amuse Samantha, donc si rien ne s’est passé, c’est que l’on va en avoir deux le jour suivant ! Samantha nous explique qu’en navigation, on apprend à gérer les problèmes, à faire face aux angoisses, à s’adapter, à réparer : « Il faut ranger les problèmes dans des boîtes. Savoir ce que l’on peut gérer et ce qu’on ne peut pas. Ça ne sert à rien de stresser pour des choses que l’on ne peut pas contrôler ». Ce qui est puissant en cas d’extrême galère (Samantha a démâté, son bateau est rentré en collision avec un mola mola, un gigantesque poisson de la taille d’un 4×4), c’est la solidarité et le partage, même avec ses concurrents : « La chose dont j’ai le plus peur c’est d’abandonner la course. Je peux par exemple m’entrainer à monter dans le mât, je peux aller naviguer dans les tempêtes pour pousser le bateau à ses limites, mais on ne peut pas simuler un démâtage, donc on ne peut qu’apprendre à y réfléchir. Dans les choses extrêmes, c’est le partage d’expérience avec nos collègues qui comptent (et qui sont pourtant en même temps nos concurrents). Cela nous permet d’essayer d’éviter ces galères. »

Et à tous ceux qui pourraient se dire « Je n’en peux plus, j’abandonne, je deviens dingue », les mots de Samantha nous redonnent de l’énergie… Alors qu’un internaute lui pose la question du sommeil lors des courses de voile, Samantha Davies explique ne pas forcément comprendre elle-même comment elle peut à ce point se surpasser. Le corps, grâce à l’adrénaline, est capable de trouver des ressources que l’on n’avait pas soupçonnées. En temps normal, elle avoue dormir 8 heures (voire 10 !) mais en temps de course, elle dort en fragmentant par tranche d’1 heure 30 pour réussir à dormir 4 ou 5 heures par en 24h… « Lors de la qualification pour ma première course en solitaire, J’étais inquiète de ne pas pouvoir tenir une nuit seule sur un bateau, j’avais peur de m’écrouler lors des moments critiques… Mais en fait, après 36h, je n’avais pas dormi. L’instinct de la course et l’instinct de survie sont un mélange qui te change. Tu deviens une guerrière. Tu ne te reconnais même pas ! »

 

L’après confinement et le retour à la vie normale

Mais une fois la course passée, la traversée finie, l’idée même de confinement derrière soi, qu’est-ce que l’on va trouver ? « On se prépare pour la course, sa dureté, le fait de quitter sa famille, etc. Mais quand on revient, c’est ça qui est le plus dur. Il faut ouvrir le courrier, vider les poubelles, se laver les cheveux, s’habiller, parler aux gens, redevenir maman, poser les règles (et mon fils n’est pas forcément d’accord de suivre les règles de quelqu’un qui n’a pas été là pendant deux mois). La réadaptation est difficile, il n’y a pas de prépa physique pour retourner à terre, pour retourner voir les copains et prendre l’apéro. C’est tout un apprentissage de revivre en famille ! »

Comment va-t-on faire demain ? Est-ce qu’on va savoir s’habiller correctement ? Retrouver un semblant de coupe de cheveux ? Savoir tenir une conversation avec des collègues ?
Ce qui nous rassure en tout cas, c’est que l’être humain cache manifestement des trésors infinis… Il parvient coûte que coûte à se sortir des galères, à se réinventer, et avec un peu de travail et de positivité, à retrouver un équilibre pas trop mal balancé.

Alors pas de panique, on y arrivera toujours ! Et on est sûr qu’on se souviendra de ce confinement comme d’une drôle d’aventure, enrichissante à bien des égards.

 

 

 

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